Que vous vous appeliez Hermione ou Kylian, Gwen ou Lila, votre prénom a une signification, symbolique, personnelle, familiale, etc. que vous portez en ou sur vous toute votre existence, à moins de décider d’en changer. Il suffit de voir le nombre de sites, ouvrages, souvenirs plus ou moins artisanaux évoquant leur signification pour être convaincu de la charge symbolique qu’ils dégagent.
Chez les animaux autres qu’humains, c’est un peu pareil. Peu importe que « dans la nature, ils n’en ont pas » (sauf que les dauphins, les corbeaux, ont des « sons-signature » et qu’on ne s’est jamais plongés dans l’étude de la singularité chez une panthère ou un renard, en d’autres termes ce qui les désigne pour leurs congénères comme des personnes uniques), la plupart vivent à nos côtés aujourd’hui et reçoivent donc des noms.
A noter : dans l’excellent ouvrage de Vinciane Despret et Jocelyne porcher : Être bête, les deux chercheuses montrent bien leur importance dans notre rapport avec les AH (autres qu’humains). Ainsi, les éleveurs qui refusent la mécanisation de leurs animaux et les appellent « par leur nom » sont considérés comme des « amateurs » par les zootechniciens « qui font de l’animal un être mécanisé, réagissant passivement à son environnement, identité renforcée par des références à l’instinct, ou à des notions telles que l’adaptation (l’animal doit s’adapter à nos besoins) et du contrôle. » (Être bête, p 115) Dans un élevage, les bêtes sont marquées. Dans un élevage industriel, elle ne sont que des données – tailles, poids, n° de série rentré sur un ordinateur et sorti sous forme de barquette de steak. Cette conception industrialisante trouve, on le sait, sa justification dans une vision mécaniste du vivant, vision héritée de Descartes, certes, mais surtout glorifiée, encouragée, justifiée, voulue par ses successeurs, y compris les behaviouristes, Le génial Frans de Waal rappelle que, jusqu’à la fin des années 70, la science avait aussi peu de respect pour les bébés humains que pour les poissons. « Les nourrissons, explique-t-il, étaient considérés comme des organismes sous-humains qui produisaient des « sons au hasard », souriaient parce qu’ils avaient « des gaz » et ne sentaient pas la douleur. {…] Leurs réactions étaient considérées comme des réflexes dépourvus d’émotions. Du reste, les médecins blessaient régulièrement les nouveau-nés […] sans les anesthésier. » (La Dernière étreinte, pp338-339) A la différence des AH, cependant, ils avaient un prénom… Mais si l’on observe bien, dans l’histoire humaine, priver l’autre de prénom, comme dans les prisons, c’est l’une des meilleures manières de lui denier le droit à son identité, et à son humanité (et que dire des tatouages que portaient les détenus dans les camps de concentration?)
Ceci étant posé, j’en reviens aux noms. Noms que l’on reçoit, noms que l’on donne aux animaux AH qui partagent nos vies.
« Mais il/elle ne comprend pas! » Effectivement, Rex ne comprend pas pourquoi il a été appelé Rex. Son nom, cependant, est chargé d’une symbolique, d’une signification émotionnelle, d’une signature qui lui correspond ou non. Ainsi, il peut m’arriver de demander, lors d’une communication, à un animal si son nom lui convient, ce qu’il exprime pour lui et dans le cas contraire ce qu’il souhaite, lui, exprimer. Les deux exemples les plus marquants, dans mon expérience personnelle de communicatrice, l’ont été avec un cheval et un chat. Le félin , abandonné par ses anciens humains auxquels il servait de « mauvais objet », était d’un naturel méfiant et réservé (en tant qu’ex punching-ball, c’était bien normal). Il avait hérité d’un sobriquet du type « Grincheux » « Grognon »… Il a souhaité changer de nom et se libérer de la charge émotionnelle négative qui y était attaché. Un ancien crack de courses, avec un prénom peu courant, pas aisé à prononcer, a au contraire voulu le garder, parce qu’il correspondait à son essence (puissance, fierté, etc.). Dans mon entourage très proche, l’un de mes compagnons a également manifesté la volonté de changer de nom. Celui qu’il portait faisait écho à un passé très négatif, était chargé d’émotions qui ne correspondaient pas à sa vibration profonde – il lui a fallu du temps pour se débarrasser de ses anciens oripeaux, mais il est bien plus lui-même aujourd’hui. Bien sûr, la manière dont on prononce un nom, ce qu’il évoque pour nous, influence positivement ou négativement notre perception de l’autre. Mais, à moins de refuser aux autres espèces la capacité d’éprouver, d’apprendre, de se souvenir, il faut absolument prendre bien en compte tout cela quand on choisit un nom ou que l’on propose de renommer un animal AH.
Je vous joins ici la très célèbre vidéo dans laquelle le léopard nommé « Diablo » devient « Spirit » après le passage d’une communicatrice, Anna Breytenbach : https://www.youtube.com/watch?v=gvwHHMEDdT0
Certains noms nous apparaissent comme des évidences : Linda Kohanov relate très bien dans Le Tao du cheval, puis dans l’hommage qu’elle lui rend la manière dont lui est venue l’idée d’appeler sa jument « Rasa » (tabula rasa) : https://eponaquest.com/a-tribute-to-tabula-rasa/
Cependant, changer pour changer, pour imprimer une marque sur son compagnon, ce n’est pas forcément juste. Quand on sent qu’il y a un couac, un décalage, que « quelque chose cloche » ou que l’animal n’est pas à l’aise avec (un chien peut ne pas répondre, par exemple…), il importe de se poser la question et de lui poser la question : qui es-tu, que veux-tu exprimer à travers ton nom, ta signature émotionnelle ?
J’ai toujours été dérangée par les cavaliers qui appelaient leurs montures (du moment en club ou de toujours) de manières assez brutale avec des Grand-Mère, Mon Vieux, Ma Grosse ou encore Patate !
Une dame qui fait également de la communication nous avait sensibilisés sur ce point avec une anecdote sur un cheval qui se braquait systématiquement quand sa cavalière était en colère et l’appelait « Saucisson » ou « Steak sur pattes ». Il avait très bien compris la violence qu’il y avait derrière ces termes qui le renvoyaient à sa condition de « viande ».
Viva a un nom qui je pense lui correspond dans sa façon d’être. Elle est vive ! Et maintenant bien vivante !
Pour moi, elle est aussi « Ma Belle » ou « Miss ». Parce que c’est ce que je ressens d’elle.
Même si parfois c’est « Bouriquette ». Toujours affectueusement mais quand même… des fois, elle est un peu « bourique » xD
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